Nous étions 5
participants à la journée spéciale Vigie flore, en montagne, afin
de se familiariser avec le protocole et de soutenir Jean-Louis dans
l'exploration de sa maille à plus de 1000 m d'altitude à Palneca.
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Jean-Louis et Delphine : étude de la carte IGN |
Vigie flore est un
programme de sciences participatives qui vise à suivre l'évolution
de la flore commune. Pour cela, des bénévoles vont inventorier des
échantillons de 10 m² (appelés
placettes) placés au hasard sur le territoire français. Sur
les 8 placettes de chaque maille, 4 au moins doivent être, dans la
mesure du possible, être explorées. Le GPS est un bon moyen de
trouver l'emplacement de la placette, mais la carte peut être
suffisante. L'important c'est d'inventorier une zone de végétation
homogène correspondant à cet emplacement et de prendre des repères
pour revenir au même endroit chaque année.
Les données sont ensuite
envoyées par Internet
sur le site dédié de Vigie Flore par les botanistes bénévoles : elles
serviront aux chercheurs du Muséum National d'Histoire Naturelle mais aussi aux
structures publiques qui en feraient la demande.
Le programme Vigie flore
est assez jeune (5ans), ce qui limite encore l'interprétation des
données. Le programme phare de Vigie Nature, le Suivi
temporel de 175 oiseaux communs (STOC), créé en 1989, a montré l'intérêt de tels
suivis aléatoires. Grâce à un protocole proche, il a été
possible de montrer la réalité et surtout de quantifier la
perte de biodiversité en oiseaux en France et en Europe.
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Le Suivi temporel des
oiseaux communs (STOC)
permet d'obtenir des données chiffrées sur l'évolution
des populations d'oiseaux dans le temps. Figure de Jiguet F (2010) in Les résultats nationaux du programme STOC de 1989 à 2009. www2.mnhn.fr/vigie-nature
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Ce graphique montre que, sur les 30 dernières années, globalement, les
populations d'oiseaux ont baissé de 12%, le cortège d’oiseaux
généralistes augmente sensiblement alors que les cortèges
d’oiseaux des milieux bâtis, agricoles et forestiers déclinent de
façon régulière. Ces indicateurs sont désormais utilisés pour
juger des effets des politiques publiques française et
européennes sur la biodiversité. Il ne s'agit plus de s'appuyer uniquement sur des
''dire d'expert'', mais sur une compilation de nombreuses données suivant un protocole standardisé qui rend le résultat solide et moins facilement
contestable.
Les obstacles existent
néanmoins dans la mise en œuvre de Vigie flore : la motivation pour
persévérer chaque année, la compétence disponible c'est à dire
le nombre de botanistes locaux en mesure de faire ces inventaires, le
terrain qui n'est pas toujours facile d'accès, en particulier en
Corse (maquis dense, haute montagne)... En outre, des biais
statistiques peuvent apparaître (effets observateurs, choix des
mailles proches des zones de vie ou d'accès routiers...).
Vigie flore a donc
pour objectif de suivre l'évolution de flore commune : nous ne
savons pas encore ce qu'il permettra d'observer. Quels seront les
impacts sur la biodiversité végétale ordinaire de
l'anthropisation des milieux, du réchauffement climatique, des
espèces invasives, etc ? Le traitement des données sur de
nombreuses années nous permettra de constater et quantifier les
évolutions en cours, avant de les interpréter de réagir si besoin (et volonté).
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Forêt mixte à Palneca |
Pour les botanistes,
il est très frustrant de se contenter de n'inventorier ''que'' 10
m². Beaucoup de milieux,
« mériteraient » qu'on explore une surface plus grande
pour avoir une vision correcte et complète des espèces présentes
et du fonctionnement de l'écosystème. Ce fut le cas à Palneca où
nous étions dans une forêt claire de Pin Lariccio mêlée de
quelques hêtres, chênes pubescents et sapin. Il n'est bien sûr pas possible
d'avoir tous ces arbres dans 10 m
²
!
Il faut bien avoir en tête que relevé Vigie flore n'a pas vocation à étudier (ou
caractériser) un milieu - ce que font déjà très bien d'autres programmes et structures, en particulier les CBN.
Vigie flore permet de suivre l'évolution des
végétaux communs en France métropolitaine grâce à de très nombreux échantillons de 10
m² à l'instar de STOC pour les oiseaux.
Une
étude phyto-sociologique d'un site sur une surface
suffisante, combinant inventaires et coefficients d'abondance, est
plus adaptée à la
connaissance et à la compréhension des
milieux. Ainsi, afin de nous permettre d'avoir une vision plus
juste de la forêt dans laquelle nous nous trouvions,
Guilhan Paradis
nous a expliqué comment faire un tel relevé phyto-sociologique,
que vous pourrez télécharger ici. Et là, vous trouverez le relevé Vigie-flore de Jean-Louis (prochainement).
Le diaporama de la journée :